Comme je le disais dans le précédent post, nous voilà donc à
Handan. C'est une très ancienne ville (ancienne capitale du royaume de Zhao entre -386 et -228), mais il ne reste pour ainsi dire aucune trace physique de ce glorieux passé, si ce n'est dans l'inconscient collectif.
La principale trace historique est en fait dans la langue chinoise, car un tiers des Chengyu proviennent de Handan, mais ce sera l'objet d'un autre post.
Bref, nous sommes donc à Handan, mais plus précisément ?
Situons d'abord Handan sur une carte de Chine : à 450 km au sud de Pékin, sur le grand axe Pékin-Canton passant par Wuhan. Les communications routières et ferroviaires sur cet axe nord-sud sont plutôt bonnes et devraient même s'améliorer grandement avec l'arrivée du TGV l'an prochain (1h30 à 2h pour rejoindre Pékin), par contre, sur l'axe est-ouest c'est une autre histoire... avec un beau score de 15h de train pour arriver à Shanghai, alors qu'il ne faut que 4h50 depuis Pékin.
Heureusement, les vols pour Handan sont de plus en plus nombreux : déjà Shanghai, Canton, Hohhot, Nankin, Wenzhou, Dalian, Chognqing et Shenzhen. Bon, par contre, la plupart des vols ne sont que deux ou trois fois par semaine, en fait seul le Handan-Shanghai est quotidien. Et à cela s'ajoute un brouillard très fréquent qui rend incertaine toute tentative de rejoindre la ville en avion en un temps limité... Nos amis Alex et Roxy de Shanghai l'ont déjà appris à leurs dépens - et aux notres puisqu'ils ne sont finalement pas venus ;(
Bref, pour venir de France sans trop de bagages, la meilleure solution est quand même de passer par Pékin et de finir en train.
Et dans Handan, plus précisément ? La ville a une structure très simple, séparée en trois quartiers principaux : Fuxing, Hanshan et Congtai. Pour simplifier, les industries lourdes sont à Fuxing (en particulier le très polluant Handan Steel), les universités à Hanshan (même s'il y en a assez peu...), et Congtai est plus dédié aux habitations et administrations. Le véritable centre est en fait au sud de Congtai / nord de Hanshan, à proximité de la gare ferroviaire.
La ligne de TGV à l'est n'est pas encore ouverte, mais déjà construite. La zone encadrée en rouge et notée HEDZ est la nouvelle zone de développement économique de Handan. Le siège du gouvernement et diverses administrations y ont été transférés ces dernières années. C'est tout le coeur du planning de développement de la ville sur la période 2010-2020 (qui fera l'objet d'une prochaine note). La future zone industrielle s'étend loin au nord-est.
Nous habitons au niveau de l'étoile, au coeur de ce "nouveau centre" qui n'est pour l'instant pas du tout central, mais qui le sera sans doute en 2020 (mais sûrement sans nous...). Je travaille juste à 2 km au nord de notre appartement, soit entre 5 et 10 minutes à vélo selon le vent et la motivation.
Le taxi ne coûte pas très cher à Handan : fin 2011, les prix sont de 6 yuans de base (2 km inclus), puis 1.20 yuan par kilomètre supplémentaire. S'il pleut, je suis donc au travail en taxi pour 6Y, soit moins d'un euro... Et on va au centre pour 12Y, à la gare pour 17Y, ou à l'aéroport pour 40. La plupart des déplacements dans la ville en taxi se font pour 8-12 Y, soit le prix d'un ticket de métro en France. Et contrairement à d'autres villes chinoises, on n'a absolument aucune difficulté pour attraper un taxi dans la rue, à toute heure du jour ou de la nuit. Du coup, cela relativise pas mal notre léger éloignement du centre-ville.
Venons-en à notre quartier. Après une première vague de logements traditionnels à 6 étages (dont celui où nous habitons), construits en 2004-2005, des barres d'habitations d'une trentaine d'étages ont vu le jour entre 2006 et 2011 - certaines ne sont d'ailleurs pas encore finies.
L'entrée sud-ouest de la zone de développement, avec les résidences Dongfang Wanbo et Wanhao Fengjing, dont les appartements sont vendus aux alentours de 5-6000 Y /m2. Nous habitons juste au bout de la rue, mais du côté droit (sud). Il faut savoir qu'en Chine les tours ou barres d'habitations n'ont pas du tout la même connotation qu'en France, où elles sont généralement de mauvaise qualité et réservées aux plus mal lotis. Ici, les appartements de meilleur standing les plus modernes sont tous dans ce genre de barre.
Ce n'est certainement pas du plus esthétique, mais cela a le grand mérite d'accroître sensiblement la densité des zones d'habitation, facilitant le développement des transports en commun et la proximité des commerces et différentes infrastructures. Une bien meilleure préparation que nos océans de maisons individuelles pour l'ère après-pétrole, probablement.
L'Avenue du Siècle, principal axe nord-sud de la zone de développement. C'est par là que je passe tous les matins pour aller au travail : tout droit sur presque 2 km, facile ! Cette photo est prise juste à l'angle de notre résidence.
Handan by night. Le grand bâtiment à gauche est l'hôtel Jindu, le seul hôtel 5 étoiles de la ville, juste à côté de chez nous. Les chambres commencent à 350 Y, ça reste tout à fait raisonnable. Sans doute pas le vrai standing d'un 5*, mais c'est déjà suffisant pour attirer bon nombre de businessmen en vadrouille. Le lobby est un des rares lieux où l'on a de bonnes chances de croiser des étrangers dans la ville.
Et voilà l'entrée de notre résidence. En Chine, la plupart des urbains habitent dans ce genre de lieu : une résidence fermée avec une ou deux portes gardées, et une collection d'immeubles de 6 étages séparés parfois par des squares ou aires de fitness. C'est le modèle du xiaoqu 小区, l'unité admistrative de base des villes. Il suffit généralement d'indiquer le nom du xiaoqu pour que les gens (chauffeurs de taxi en particulier) sachent où l'on habite. Notre xiaoqu a une douzaine d'immeubles, mais certains peuvent aller jusqu'à une cinquantaine.
Chaque immeuble a plusieurs entrées, chacune correspondant en fait plus basiquement à une cage d'escalier. Il n'y a pas de couloir : l'escalier ne donne que sur deux appartements à chaque étage. Ce type de construction est reproduit à l'identique des millions de fois partout en Chine.
La vue depuis notre balcon : des bâtiments comme le notre en premier plan, et au fond, les luxueux appartements de Xinyu Guoji, 30 étages de grands appartements de standing. Nous en avons visité un de 200m² luxueusement meublé, lustres en cristal et chaises de massage dans toutes les pièces, mais à 10 000 Y par mois il excédait notre budget - et ne correspondait pas franchement à un réel besoin.
Et voici une vue de notre appartement. Il est loué entièrement meublé, poissons rouges inclus, la propriétaire ayant quitté les lieux à notre arrivée.
Comme on l'a vu sur le plan de Handan plus haut dans l'article, on est à la lisière de la ville. La campagne commence à 200m de chez nous, ce qui donne ce genre de photo improbable tant ce développement paraît soudain.
Depuis que j'ai visité l'exposition sur le développement urbain de Handan, je sais même que le lieu de prise de cette photo se situe au beau milieu de l'Avenue de l'Harmonie, artère majeure proche des gratte-ciels du Handan de 2020 !
Avec le frère de Lina et mon VTT acheté pour parcourir les champs, à 1 km de la maison.
Le quartier où nous habitons est une terre de contraste : 200 m au nord, un hôtel 5 étoiles et de luxueuses résidences; 200m au sud, un village en cours de démolition; 200m à l'est, des champs de maïs. L'échelle de temps des transformations urbaines et péri-urbaines est extrêmement réduite par rapport à ce que l'on connaît en France. Ce séjour de quelques années à Handan va être une excellente occasion d'observer de l'intérieur la mutation d'une authentique ville chinoise de taille petite/moyenne.
D'un peu trop près peut-être, étant donnée la masse de poussière déplacée pour tous ces travaux. Mais on s'y habitue, et l'intérêt de voir une ville fleurir autour de soi sera le plus fort !