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La lettre qu'elle ecrit a sa maman et le journal intime qu'elle tenait regulierement atterrissent presque par miracle entre les mains du journaliste francais Pierre Haski. Grace a l'action de ce dernier, la vie de Ma Yan ainsi que celle d'autres enfants du Ningxia s'est retrouvee transformee.
Ce livre est un best-seller international, et a fait pleurer des classes entieres d'eleves. Un retour a la realite pour beaucoup. Il a meme ete diffuse en Chine, c'est la-bas que je l'ai decouvert.
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Voici un extrait du livre (source), l'explication du journaliste et des reactions d'enfants apres sa lecture.
Retour sur une rencontre décisive
Mai 2001. Les hasards d’un reportage nous conduisent dans le petit village de Zhang Jia Shu, perdu dans les montagnes arides et difficiles d’accès du sud du Ningxia. C’est la province la plus pauvre de Chine, l’envers du décor de modernité et de croissance que nous avons laissé derrière nous à Pékin.Nous nous apprêtons à quitter le village, quand une paysanne nous aperçoit de sa maison. Nous sommes les premiers étrangers qu’elle rencontre. En fait, personne dans le village ne se rappelle avoir vu un journaliste depuis… Edgar Snow, le reporter américain qui y a résidé avec Mao Zedong pendant la longue marche, dans les années 1930. Cette femme ne nous connaît pas, mais, dans son désespoir, tente le tout pour le tout : elle remet à Sarah Neiger, une amie française membre de notre équipée, trois petits carnets bruns et une lettre de la main de sa fille, en insistant comme si sa vie en dépendait.
Nous repartons sans comprendre.
Lorsque nous revenons un mois plus tard, émus et intrigués par ce journal intime qui nous est apparu par brides au fil des traductions, le « conte de fées » est né sans que nous en prenions immédiatement conscience. Ce texte sera d’abord publié dans Libération, puis intégralement sous la forme d’un livre qui fera le tour du monde et sera classé dans la liste des best-sellers, avant de revenir en Chine. Un parcours miraculeux pour les modestes écrits d’une petite paysanne chinoise qui auraient dû rester anonymes.
Ma Yan n’avait que quatorze ans au début de cette aventure. Sa mère, Bai Juhua, venait de l’informer qu’elle n’irait plus à l’école en raison des difficultés financières de la famille, confrontée aux conséquences de la sécheresse. Il manque soixante-dix yuans pour payer les frais d’inscription : Une fortune dans ce monde rural défavorisé, une somme dérisoire dans les villes prospères de la côte. Ma Yan écrit alors à sa mère une lettre qui résonne comme un manifeste. Elle est intitulée « Je veux étudier », et révèle une soif insatiable d’éducation, un profond sentiment d’injustice aussi, face au sort différent qui est réservé aux filles : ses deux petites sœurs, elles, continueront d’aller à l’école.
C’est cette lettre que nous remet Bai Juhua, une femme illettrée et courageuse, qui mesure bien l’importance du sacrifice qu’elle impose à sa fille. En découvrant ce groupe d’étrangers dans son village, elle a une incroyable intuition : elle se dit que s’il y a une chance de « sauver » Ma Yan, c’est celle-ci. Pour que nous comprenions mieux la situation, elle joint à la lettre les petits carnets bruns que Ma Yan noircit jour après jour. Cette paysanne qui ne sait pas lire ignore ce qu’ils contiennent réellement : Le journal intime de sa fille.
Dès notre première lecture, le journal nous apparaît comme un document exceptionnel : une plongée dans ce no man’s land chinois, minutieusement décrit par une adolescente hors du commun. On y découvre ses souffrances mais aussi ses espoirs, les sacrifices de ses parents, la vie quotidienne d’une famille de paysans pauvres, les liens forts unissant cette mère et cette fille qui doivent affronter les difficultés de la vie…On perçoit également la maturation d'une jeune fille qui prend possession, au fil des pages, de l’écriture et de ses propres sentiments. Ses premières rédactions sont sobres et factuelles, les dernières sont de plus en plus longues, plus personnelles et plus « écrites. La simplicité, le courage et l’extraordinaire dignité de son auteur ne pouvaient que nous émouvoir.
C’est le début d’une grande aventure qui sortira Ma Yan et sa famille de la misère, permettra à des dizaines d’enfants de retrouver le chemin de l’école.
Le phénomène Ma Yan
Ou l’émotion partagée
Je viens de finir de lire Le journal de Ma Yan ; ce livre m’a fait comprendre combien j’avais de la chance d’habiter en France, de pouvoir manger à ma fain à chaque repas. Le matin quand je me lève, je me dis : pourquoi suis-je obligée d’aller en cours ? voir la sale gueule de mes profs ? je réalise maintenant que j’ai de la chance ! Oui ce livre que j’ai acheté au hasard à la fnac me donne une toute autre vision du monde actuel dans lequel nous vivons. Je ne vous fais pas découvrir le monde, mais ce monde est injuste ! Pourquoi Ma Yan souffre-t-elle tant (comme bien d’autres de sa région). Elle se battra pour aller à l’école, ou plutôt sa mère qui se donne tant de mal pour pouvoir assurer un avenir meilleur pour ses enfants.
J’aimerais faire quelque chose pour tous ces gens pauvres qui souffrent de la misère. Mais moi qui n’ai que quatorze ans, je ne sais pas comment me rendre utile. J’ai mal au cœur. Je ne sais pas si je peux comprendre la douleur que Ma Yan ressent. Dieu sait que moi non plus je n’ai pas eu trop de chance : je suis adoptée, originaire du Salvador. Pendant longtemps j’ai pleuré, je voulais voir mes « vrais » parents. Quitte à vivre dans la misère, ne plus aller à l’école. .. pendant longtemps je me suis dit ça : qu’est-ce que j’ai fait de mal pour être arrivée ici en France ? En plus de ça, j’ai deux frères qui eux aussi sont adoptés. Il y en a un qui est handicapé, l’autre un échec total à l’école. Le journal de Ma Yan m’a fait comprendre que j’étais une ado pourrie-gâtée ! que j’ai de la chance, beaucoup de chance de vous rencontrer là-bas, comme vous dites, la bouteille à la mer est arrivée à bon port !
Je ne sais pas pourquoi je vous écris, si c’est pour moi, dans mon intérêt d’avoir découvert quelque chose, peut-être que quelque part ce livre m’a aidée, ou est-ce que c’est pour encourager les gens qui versent de l’argent…pour dire vrai je ne sais pas ! Des lettres comme ça pour vous féliciter, vous avez dû en recevoir des milliers, je suis sûre !!! Alors pour vous ma lettre sera une parmi tant d’autres ! Si ça se trouve, vous n’allez même pas prendre la peine de la lire…[…] Ce que j’ai retenu de tout ça : la persévérance est la victoire.Emilie,
Juin 2003.
Créer une passerelle entre deux univers
Signe avant-coureur de cet intérêt lors de la publication du reportage consacré à Ma Yan dans Libération, en janvier 2002 : Emmanuelle Polack, alors professeur dans un collège de la région parisienne, a lu l’article à ses élèves de sixième. « Lorsque j’ai fini de lire, raconte-t-elle, plusieurs de mes élèves étaient en larmes. L’un d’eux a levé la main et a demandé : « Madame, qu’est-ce qu’on peut faire pour l’aider ? » Les élèves ont décidé de collecter de l’argent, deux euros par personne, et ont envoyé cent euros à Ma Yan. Ils ont joint une photo de leur classe, au dos de laquelle ils ont écrit : « Tiens bon dans tes études, les enfants français sont avec toi ! »…Cette photo occupe une place de choix sur un mur de la maison de Ma Yan, à cotê des nombreuses photos de famille.
…………
Un élève explique que, bien sûr, il savait, par la télévision, qu’il y avait des enfants pauvres dans le monde, mais qu’il peut désormais mettre un nom et un visage sur ce qui lui paraissait abstrait. A la fin de la rencontre, deux jeunes filles timides me remettent un papier sur lequel elles ont écrit : « Jusqu’à ce que nous découvrions l’histoire de Ma Yan, nous n’aimions pas aller à l’école. Aujourd’hui nous comprenons la chance que nous avons d’avoir des parents qui nous permettent de faire de bonnes études. Merci de nous avoir ouvert les yeux. »
Je n’en reviens pas !
Cette remise en question apparaît tel un leitmotif, dans les nombreuses lettres destinées à Ma Yan, qui arrivent au magazine Okapi.
Sandrine, treize ans : « Avant, je trouvais l’école pas intéressante, débile !! Merci, tu m’a remise dans la bonne voie d’aimer l’école. »
Yoann, treize ans : « Avant de lire un article à ton sujet, je trouvais l’école trop embêtante. Quand j’ai lu cet article, j’ai eu un choc. »
Elodie, treize ans : « En lisant ton histoire, j’ai réalisé à quel point j’ai de la chance d’avoir la vie que j’ai. Bonne chance à toi. »
Jonathan, quinze ans : « J’ai été profondément ému en apprenant la vie que mènent ces jeunes chinois. Je crois que je ne me plaindrai plus jamais, même si je n’habite pas dans ma famille. »
Toutes ces réactions créent une passerelle entre deux univers qui n’auraient jamais dû se croiser. Cela fait partie du « miracle » qui entoure toute cette aventure.
Pour beaucoup d’adolescents, la lecture du journal de Ma Yan constitue la première prise de conscience du « monde réel ».
………..
Les lecteurs du journal français pour adolescents, l’actu, élisent Ma Yan « ado de l’année 2002 ». Le magazine publie quelques réponses de ses lecteurs :
Claire, quatorze ans : « J’ai trouvé bien qu’elle se batte pour ses droits. Elle a été courageuse. Et puis, beaucoup de jeunes aujourd’hui ne se rendent pas compte de la chance qu’ils ont d’aller à l’école. »
Evan, quatorze ans : « Ce qui m’a marqué, c’est la différence entre nos deux vies. Pour moi, aller à l’école est normal, alors qu’elle n’a pas cette chance. Je l’ai trouvée courageuse … . » Emilie, seize ans : « J’ai voté pour elle car beaucoup de gens pensent que l’éducation n'est pas très importante. On veut toujours moins de cours et plus de vacances. Avec l’histoire de Ma Yan, on voit combien l’éducation compte pour un enfant. »
Autre réaction, encore plus radicale. Lorsqu’un professeur du lycée français de Pékin fait lire le reportage de Libération à ses élèves de cinquième, l’un d’eux conclut : « J’ai compris que j’étais un privilégié. »
Les enseignants ont vite perçu à quel point l’histoire de Ma Yan aidaient les adolescents à comprendre leur place dans ce monde, à intégrer les notions de solidarité et de justice, mais aussi à exprimer des préocupations plus personnelles.
« Comme beaucoup d’enseignants, écrit l’un d’eux, je suis confronté au manque de motivation scolaire que présentent certains élèves, et je tente d’y remédier à ma façon. Cette histoire m’a tout de suite semblé un point de départ idéal pour faire réfléchir les enfants et pour les amener à comprendre (d’une manière positive et constructive) l’importance et les bienfaits de l’école. »
….
En publiant ce texte, je n’avais pas imaginé un tel impact en France, encore moins que les jeunes chinois réagiraient avec la même émotion. Une jeune fille de Chengdu, la capitale du Sichuan, une province de l’ouest de la Chine, à des centaines de kilomètres du Ningxia, écrit à Ma Yan une lettre qui ressemble à s’y méprendre à celles des enfants français.
Je détestais mon école bien que les conditions y soient très bonnes, je n’avais pas de soucis, mais la quitter m’était chaque fois un soulagement. Je n’étais pas sérieuse, je pensais qu’à m’amuser et à regarder la télé. Mais hier, en arrivant à la fin de ton livre, j’ai compris plein de choses. Aujourd’hui est pour moi un nouveau départ. Je veux acquérir des connaissances, je veux préparer le concours d’entrée à l’université. Nous devons travailler ensemble pour le bonheur de demain.