Yannick en Chine Récit d'un ancien étudiant français en master en Chine, grand voyageur aux quatre coins de l'empire du milieu, maintenant ingénieur dans un grand groupe français à Handan dans la province du Hebei. Étudier à Tsinghua, à Pékin, voyager et travailler en Chine, aller à la rencontre de la culture et de la langue chinoise, apprendre le mandarin ou habiter à Handan, vous trouverez de tout ici !
Apres une journee de repos le vendredi 22 juillet, ma sieste commencee a 4h de l'apres midi s'etant terminee vers 8h du soir, il m' asemble que c'etait l'occasion revee d'aller voir le lever du drapeau sur la place Tian an men le lendemain a 5h du matin. Apres donc cette nuit de 12h finie a 4h du matin, je prends le taxi vers Tian an men, m'attendant a me trouver seul avec quelques touristes, a assister a cette ceremonie quotidienne. Que nenni !
Des 4h30, ce sont des milliers de touristes qui se massent autour du drapeau, un large perimetre est boucle, et je pense que des gens devaient etre la depuis une bonne heure... Certains n'etaient qu'a deux cent metres du drapeau, difficile de voir quoi que ce soit.
Je me dis que la ceremonie doit vraiement etre tres bien, et je me masse avec eux. Heureusement que mon metre 87 me permet d'emerger largement de la foule, car au quinzieme rang minimum je n'aurais pas vu grand chose... si tant est qu'il y ait vraiment quelque chose a voir.
Quand le drapeau, escorte par une vingtaine de soldats, apparait sous le portrait de Mao au milieu de la porte de la paix celeste, des cris d'emotion retentissent dans le public, et les flashs crepitent, bien que l'on soit encore a 300 metres des porteurs. Marchant d'un pas parfaitement cadence, ils se rapprochent du mat, et montent ensuite le drapeau sur fond de musique nationale. L'ambiance est un melange de recueillement et de bataille pour que ceux dui fond puissent y voir quelque chose. Lorsque la musique s'arrete, je suis etonne de ne pas entendre un tonnerre d'applaudissements. Sans doute trop concentres par autre chose. Les soldats qui bloquent la foule ont bien du mal a maintenir les premiers rangs de touristes assis. Tous chinois, bien entendus, les occidentaux se levent rarement aussi tot pour ce genre de ceremonie, mais je ne regrette absolument pas d'etre venu.
Et, des que la garde au drapeau est repartie, les cordes sont levees, et tout le monde se met a courir vers l'avant. Sans trop savoir pourquoi, je cours avec eux, il y a surement quelque chose de bien a voir. En fait, ils courent pour avoir le privilege d'etre pris en photo les premiers devant le drapeau ! Mes grandes jambes me permettent d'obtenir une photo ou je suis relativement seul... relativement !
Alors que les chinois repartent, je remarque un groupe tres colore sur le cote, qui a aussi assiste a la ceremonie. Ce sont des enfants de differentes minorites ethniques (55 en tout, dont les chinois sont tres fiers, mais plus pour le caractere museal qu'autre chose), accompagnes de toute une compagnie de pervenches bleues.
J'apprends assez vite que les pervenches sont la brigade feminine de Hong-Kong, et que les enfants si bien habilles viennent tous de la meme ecole dans le Yunnan, et representent les 29 minorites ethniques presentes dans cette region. Ils sont aussi en voyage a Pekin, et prennent autant de photos qu'ils le peuvent, d'autant plus que les touristes chinois sont nombreux a vouloir figurer avec eux.
Vers 5h30, la foule s'est dispersee, et je me dirige vers le monument a la gloire des heros de la nation, juste en face du mausolee de Mao, pour prendre mon petit dejeuner : une pomme et du quatre-quarts de Manou, directement importe de Muret ! J'en propose aux petits assis a cote de moi, attendant qu'on m'aborde pour discuter. Je fais alors la connaissance d'une famille de l'Anhui, avec qui je vais passer toute une partie de la matinee.
Les touristes chinois se massent depuis 5h30 sur la file d'attente pour visiter le mausolee du grand timonier, et la queue qui atteint deja une bonne centaine de metres n'est pas pres de s'ecouler puisque d'apres mon guide le monument n'ouvre ses portes qu'a 8h30 ! Il est clair que je ne serais jamais alle la seul. Mais a 6h30, n'ayant de toute maniere rien de prevu pour la journee, je choisis d'accompagner la sympatique famille dans sa visite commemorative. Il pleut, nous n'avons pas le droit d'emporter des sacs a l'interieur, et meme si le passage (car il est difficile d'appeler la minute de marche cadencee a l'interieur une visite) est gratuit, il faut payer pour laisser son sac en caution. Je me remets entierement a mes nouvelles connaissances, et laisse mon sac a dos a l'oncle pekinois de la famille, qui connait deja bien les lieux et ne souhaite pas se recueillir une fois de plus devant la tombe du grand homme.
Heureuse surprise ! Les masses hysteriques (j'exagere un peu, quand meme) sont autorisees a penetrer des 7h10 ! Et les centaines de metres de queue passent alors tres vite. On est autorises a acheter des fleurs juste avant de rentrer dans l'enceinte sacree, ce que ne manquent pas de faire bon nombre de pelerins. Deux pieces agrementent l'interieur du vaste edifice. La premiere contient une statue de Mao en marbre ou autre materiau precieux tronant assis, a echelle reelle conformement a l'image du heros du peuple, c'est a dire environ trois metres de haut (assis).
Le passage (toujours aussi rapide) dans la deuxieme salle provoque des cris etouffes chez les adorateurs. Nous voila en presence de la VRAIE depouille de Mao Zedong ! La jeune chinoise qui m'accompagne est beacoup moins impressionnee que ses parents, et cela semble etre une generalite chez la jeune generation; elle se permet presque de plaisanter avec moi sur la solennite du lieu. En rang par deux et presses par les gardes de ceans, nous n'aurons qu'une petite vingtaine de secondes en presence de l'homme le plus sacralise du vingtieme siecle. Apres tant d'emotions, c'est presque dommage d'arriver, commerce oblige, dans la traditionnelle boutique de souvenirs... Mais en tous cas un excellent moment passe, et ceci dit (pour une fois) sans la moindre pointe d'ironie !